Les équipementiers n'ont jamais retrouvé le niveau de profits d'avant - Covid et font face depuis 18 mois à une conjonction de problèmes qui laissent peu de place à l'optimisme.
Ce secteur connait, comme les constructeurs automobiles, desquels ils dépendent, des volumes affaissés et ont, dans le même temps, besoin de transformer leur modèle pour répondre à une électrification des produits qui a créée une tempête dans le métier. Les ventes de voitures neuves pourraient retrouver leur niveau d'avant 2020 pas avant 2028/2030. Les surcapacités de production vont atteindre 10 millions de voitures par an. Les équipementiers réalisent leurs marges nettes grâce aux volumes. Ceux-ci faisant défaut, ils ne pourront pas investir autant que nécessaire pour transformer leur modèle, sauf de passer par une recapitalisation ou de l'endettement. Ces moyens seront compliqués à mettre en oeuvre car l'automobile n'est plus un secteur qui attire les financeurs. Pendant ce temps, les constructeurs européens ont besoin d'innover pour rester dans la compétition mondiale. Leurs craintes se traduisent par de la pression sur les sous-traitants. Ceux qui ont investi dans l'électricité comme Valéo se retrouvent piégés par des commandes bien plus faibles que prévu initialement.
Au niveau mondial, le taux d'adoption des ventes 100% électriques devrait atteindre 41% des ventes en 2030 alors que les prévisions de 2023 (très récentes donc) prévoyaient un taux de 53/55% des ventes.
Et, durant ce creux européen, la concurrence chinoise s'intensifie.
Cette "invasion" gêne la sérénité stratégique de tous les constructeurs européens. Les nouveaux modèles chinois sont développés en 24/30 mois, deux fois plus rapidement que ce que les constructeurs historiques font de mieux jusqu'à présent. Cela permet un raccourcissement de la durée de vie des modèles en particulier des voitures venant d'Asie qui intègrent très vite les dernières innovations technologiques venant du monde de la tech. Pour rester dans cette course effrénée les constructeurs et équipementiers du vieux continent sont contraints d'amortir plus rapidement les fortes dépenses de recherche/développement, ce qui augmente le coût de revient des véhicules. Pour rester compétitives, elles rognent sur leurs marges. De fait, elles dégagent moins de liquidité pour l'innovation. Elles cherchent des économies, ce qui est bien, à condition de ne pas toucher aux fondamentaux. Toutes ces entreprises sont dans un cercle pernicieux. Pendant ce temps, les concurrents chinois poussent leurs avantages, développent leurs volumes, font des marges, innovent. Les plus solides sont dans un cercle vertueux.
Ce monde tourneboulé conduit à une crise profonde, prélude de disparitions d'équipementiers. Si le nombre de salariés dans ces entreprises est passé de 114 000 en 2007 à moins de 60 000 aujourd'hui, nous pouvons estimer, en fourchette basse, la disparition de 10 000 emplois d'ici fin 2026. Ce qui est regrettable et inquiétant, c'est que le secteur va perdre un savoir-faire remarquable. Une bonne partie des 30% d'ingénieurs dans ces effectifs vont sûrement fuir l'automobile et nous savons qu'un savoir perdu c'est une désindustrialisation durable qui s'installe. Une solution adoptée par certains est de trouver des accords de partenariats avec l'Empire du milieu. En espérant que ces accords ne seront pas des marchés de dupes ou des rachats dissimulés du tissu industriel automobile européen.
Notre cabinet est auprès de vous, peut vous accompagner, réfléchir avec vous, trouver le chemin stratégique qui assurera une profitabilité dégageant une trésorerie suffisante pour innover vite et justement afin de créer des produits pour émerveiller les clients, provoquer l'effet "waouh".
Dernier conseil : Très souvent, en période de forte tension, nous constatons un manque de pilotage de la trésorerie, et la perte du chemin stratégique. Les dirigeants regardent dans le rétroviseur pour trouver une solution qui n'existe pas dans le passé. Il est nécessaire d'oser regarder devant, construire une vision nouvelle, imaginer ce qui va probablement se passer de nouveau. Il est important, pour initier cette démarche, de faire appel à des consultants qui n'ont ni le poids du passé, ni le poids de la structure de l'entreprise, pour entrer dans ce changement de paradigme.
bien cordialement
Patrice DALAIGRE
ce "papier" s'appuie sur une étude de début 2025 des cabinets Roland Berger et Lazare.
